Depuis quelques années, on assiste à un engouement de plus en plus prononcé pour les compléments alimentaires. Non seulement on se jette sur les gélules d’oméga 3 (à juste titre d’ailleurs, tellement les oméga 3 sont fondamentaux au bon fonctionnement de l’organisme) à base de krill, de cerveau de saumon sauvage, de foie de requin ou autre… mais on explore de plus en plus souvent les territoires jusqu’alors inconnus de la phyto exotique: poudre d’ashwaganda, baies de goji, guggul…
Se pose-t-on assez la question de savoir comment et où ces substances ont été récoltées?
En effet, quand on avale sa gélule, qu’on mange son miel australien ou qu’on boit sa potion à bases de plantes de l’Amazonie, on ne garde souvent à l’esprit que ses propriétés, souvent présentées comme « remarquables » par le naturopathe, l’amie ou la publicité qui nous a poussé à les acheter. Nous pensons rarement aux conditions de production de ces produits (parfois en Inde les plantes sont récoltées aux abords pollués des routes..;) et surtout on se demande rarement si telle ou telle plante n’est pas surexploitée dans son pays. Je pense notamment à quelques plantes indiennes utilisées en ayurveda qui sont maintenant de plus en plus difficiles à trouver, non seulement à l’étranger mais en Inde également. Or c’est bien là le drame, ces plantes que nous « essayons » ici sont vitales pour les gens là-bas.
L’ayurveda, comme beaucoup de systèmes de médecine traditionnels est la médecine du pauvre en Inde: les consultations sont beaucoup moins chères, les examens beaucoup plus rapides et moins invasifs, les médicaments à base de plantes, souvent encore fabriqués par le médecin lui-même avec l’aide de quelques personnes de sa famille ou de son entourage qui l’aident à aller récolter les plantes, sont peu chers, voire même encore parfois échangés par le patient contre quelques denrées alimentaires.
Quelques fabricants occidentaux comme Banyan Botanicals ou Pukka Herbs ont pris conscience du problème et proposent à présent des poudres de plantes issues de leurs propres plantations biologiques développées en Inde avec les populations locales… L’Ayurvedic Institute qui vend beaucoup de plantes ayurvédiques aux États-Unis essaie également de faire prendre conscience aux acheteurs de ces problématiques qui ne seraient pas si dramatiques si la majorité de ces plantes servaient véritablement à soigner les personnes qui les achètent et non pas à garnir leur armoire à pharmacie en attendant que la date limite d’utilisation soit dépassée.
Car c’est souvent la triste réalité, les plantes et remèdes traditionnels que nous achetons sont en occident rarement pris durant toute la durée du traitement. Dans les pays dont sont issus ces systèmes, le patient repart généralement avec la dose exacte correspondante à la durée de son traitement, mais chez nous, nous achetons des boites de gélules ou de poudre de plante standardisées et il est bien rare que nous les terminions. Je connais malheureusement peu de personnes qui sont capables de maintenir leur traitement au long court et celui-ci s’arrête souvent sans qu’on s’en rende compte parce qu’on a oublié de prendre nos gélules une fois, puis deux, puis quelques jours de suite…
Ces produits fragiles souvent finissent par s’éventer et perdre leurs essences actives, les huiles finissent par rancir… et tout ça, alors que nous aurions pu trouver un traitement naturel qui vient de nos pays. Si on se base sur l’énergétique des plantes, on sait que les plantes qui nous conviennent le mieux sont celles qui poussent dans la région dans laquelle nous avons grandit. Elles auront poussé dans le même climat, auront poussé dans une nature de sol qui nous est familière. Alors avant d’aller chercher des solutions exotiques à certains de nos maux, pourquoi ne pas d’abord commencer par essayer de trouver des solutions locales?
Et puis essayons de développer de la gratitude pour cette nature si généreuse qui pourvoit à tous nos besoins et que pourtant, nous détruisons de plus en plus rapidement au fil des années.