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Jardins extraordinaires

Ce n’est que très rarement que je vais me promener « en ville », mais il y a un coin que je trouve irrésistible à Nantes, c’est la butte Sainte-Anne, surtout depuis l’aménagement du Jardin extraordinaire et de la promenade des Belvédères.

Comment décrire les sentiments qui se bousculent en moi quand je m’y promène ? Passé les grilles d’entrée du Jardin extraordinaire, me voici dans une mini-bambouseraie. Le temps est venteux et le son des cannes qui s’entrechoquent au-dessus de ma tête. Soudain, je suis quelque part très loin, en Chine ou au Japon.

Quelques dizaines de mètres plus tard, c’est au pied de la cascade qui tombe du sommet de la falaise que me voilà avec l’impression d’avoir été télétransportée au Brésil (ou plutôt l’idée que je m’en fais puisque je n’y suis jamais allée). Les plantes exotiques, le bruit de la cascade, l’odeur de la terre humide.

Une fois gravi le grand escalier qui grimpe vers le magnifique square Marcel Schwob, voici que s’étend sous mes yeux une vue splendide jusqu’à la Loire, Rezé et sa cité radieuse (qui n’en porte malheureusement que le nom)… L’odeur du chèvrefeuille est ensorcelante. Je continue jusqu’au musée Jules Verne dont l’imagination débordante a inspiré la création du Jardin extraordinaire. La statue de Saint-Anne, sainte patronne de la Bretagne et protectrice des marins, est là, hiératique.

Je reviens sur mes pas, longe la falaise, toujours parmi un foisonnement de fleurs et d’arbustes tous plus beaux les uns que les autres. Il a beaucoup plus depuis quelques semaines et la nature est à la fête. Rien à battre du Covid. Elle continue d’offrir sa beauté au monde.

Je rejoins un autre des promontoires qui offre cette fois une vue magnifique sur le jardin en contre-bas. Celui ne sera complet que lorsque l’Arbre aux hérons sera installé. On ne sait pas trop quand cela se fera tant ce projet est fou.

Après quelques pas dans des ruelles bordées de maisons de ville d’un calme olympien, me voici au jardin des Oblates. Un bijou encore méconnu. Après les jeux pour enfants, voici les jardins familiaux, toutes petites parcelles potagères et fleuries toutes plus réjouissantes les unes que les autres. Les bouraches, les œillets d’Inde, les rosiers et les pois de senteurs sont tous de sortie, de même que les premières fraises. La terre est riche, les légumes dodus.

Un peu plus loin, c’est au tour des grands arbres de nous accompagner. Le jardin, plein sud, est en pente et descend lui aussi vers la Loire. Il a longtemps appartenu à une congrégation de sœurs qui a fini par en céder une grande partie à la Ville il y a quelques années. Je m’enfonce toujours plus loin dans ce jardin aux multiples facettes et j’arrive enfin au jardin nimbé de silence. C’est comme cela qu’il m’apparaît. Cette partie du jardin est juste en face du magnifique bâtiment reconverti en maison de retraite où vivent encore les sœurs. Arbres majestueux, allées rectilignes invitant à la contemplation sous les frondaisons, présence de la Vierge dont les statues sont décorées de quelques fleurs… Quelques instants hors du temps.

Retour ensuite par la « prairie aux moutons ». Soudain les odeurs de la campagne me saisissent. Des moutons à l’épaisse toison et aux cornes vernissées broutent les hautes herbes grasses à en perdre haleine. Le soleil brille haut dans un ciel garni de gros nuages joufflus qui passent à toute vitesse. Quelques minutes sur un banc. Devant mes yeux, la prairie entourée de grands arbres et de murs de pierre qui descend toujours vers le sud. Au loin, la Loire, toujours elle, et le petit port de Trentemoult avec ses bateaux qui attendent patiemment d’aller faire un tour.

Voici deux heures de vagabondage régénérantes ou comment voyager sans partir loin…

Si vous avez aimé, voici d’autres vagabondages:

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Shabbat digital

Pendant les vacances l’été dernier, nous avons passé une semaine au fin fond d’une vallée d’Ariège où la 4G ne passait quasiment pas. Il y avait juste un moment le matin (correspondant peut-être à une ouverture dans la couche nuageuse?) qui m’a permis avec beaucoup de patience de répondre à quelques messages et commentaires sur ce blog. Les appels eux non plus ne passaient pas souvent. Certains auraient pu paniquer dans cette situation ; de mon côté, cette petite pause m’a fait le plus grand bien.

Sans accès à FB ni IG, les deux réseaux sur lesquels je passe le plus de temps, je me suis vite rendu compte que j’avais l’esprit plus clair et concentré ; j’ai vraiment eu l’impression d’être beaucoup moins parasitée par les histoires des uns et des autres, par les nouvelles du monde, par les injonctions multiples et souvent contradictoires qui découlent des intérêts personnels des uns et des autres. J’avais déjà écrit un petit billet en lien avec ce sujet ici. Ma tendance à être facilement impactée par les images, les récits, les infos m’est apparue très clairement.

Les réseaux sociaux me donnent de plus en plus l’impression d’être un espace touffu et cacophonique où tout le monde essaie de crier plus fort que les autres pour être entendu/vu/lu/liké. Je ressens comme une débauche d’énergie de la part de toutes les personnes qui se servent de cette plateforme à des fins professionnelles. Je ne les critique pas du tout, c’est vraiment un outil génial, mais rien que de voir toutes ces stories/swipe up/photos/vidéos etc, ça me donne le tournis (on dirait que j’ai plus de 80 ans, je sais).

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Dans tous les cas, c’est vraiment ce que je ressens quand j’ouvre Instagram. Pourtant je ne suis pas abonnée à plein de comptes (beaucoup sont ceux d’ami.e.s qui l’utilisent occasionnellement pour poster des photos perso, comme moi – si vous voulez aller voir, mon compte, c’est atmaprana) mais comme ceux-ci sont assez divers, je me retrouve à recevoir des pubs et des liens sponsorisés pour tout et n’importe quoi et je me suis même fait avoir une fois en achetant une gourde en verre avec un cristal de roche dedans (oui, j’ai un peu honte de l’avouer, mais c’est le cas. Bien évidemment, comme je suis gênée de la trimballer avec moi – je ne vis pas à Venice Beach – ça fait plusieurs semaines qu’elle trône dans un coin de la cuisine, d’où je peux quand même admirer son cristal magnifique).

En même temps, c’est grâce à Instagram que j’ai découvert des comptes géniaux comme the.holistic.psychologist (que je trouve personnellement d’une très grande aide) ou wisdomofanxiety, que je me tiens au courant des actions de Greenpeace ou de l’organisation humanitaire d’Amma, Embracing the world et de ses diverses branches (embracingtheworld.official), que je reste au fait des mouvements vegans (moi qui mange du poisson), avec ophélie.veron, antastesia ou encore natasha.echosverts, que j’explore le minimalisme extrême de healyourliving, que je suis des autrices que j’adore comme Dani Shapiro (daniwriter) ou Elizabeth Gilbert (elizabeth.gilbert.writer). J’aime aussi suivre des bloggeuses que je suivais déjà avant d’avoir accès à internet sur mon téléphone (depuis 1 an 1/2 seulement) comme Anne-Solange Tardy dont j’adore la sensibilité et la plume… Et puis évidemment, je suis abonnées aux comptes d’Amma et d’autres grandes figures spirituelles comme Thich Nhat Hahn, Jetsunma tenzin Palmo, Mooji, Anandamayi Ma, Paramahansa Yogananda, le Dalai Lama…

En fait, je suis des comptes qui permettent de découvrir de nouvelles perspectives, qui m’inspirent, qui me font rire (astrotruc!), qui provoquent ma pensée. Je suis finalement peu de comptes liés à mes centres d’intérêts centraux que sont le yoga, l’ayurveda, la méditation… Malgré tout je ressens de plus en plus le besoin de me déconnecter et j’ai de moins en moins tendance à aller sur les réseaux le week-end. Voire, j’ai envie, comme le fait et suggère de le faire Sheryl Paul (auteure de The Wisdom of Anxiety, livre merveilleux pour ceux et celles qui comme moi souffrent d’anxiété), d’établir un Shabbat digital, le samedi. Histoire de ne pas passer la moitié du week-end à nager dans les histoires de autres, à penser à ce qu’il leur arrive (je sais c’est bête, non?). Comme je n’arrive pas à cloisonner, et que j’ai envie d’avoir mon espace mental le plus libre possible, et même si je suis loin d’être un accro à mon téléphone (j’oublie même parfois de le rallumer le matin), je pense que je vais en faire une nouvelle habitude. Le calme mental est si difficile à obtenir, et chaque jour nous nous exposons à tellement d’infos et d’images ! C’est décidé, je me déconnecte au moins un jour par semaine. Et vous, est-ce que vous faites ça, quel est votre rapport aux réseaux sociaux ?

Pourquoi j’ai déjà envie de fermer mon compte Instagram après une semaine

Inspirée par une amie de longue date qui me présentait son compte Instagram comme un espace de liberté personnelle en dehors de tout aspect commercial (elle est cheffe d’entreprise), j’ai ouvert un compte la semaine dernière (atmaprana) pour pouvoir y poster certaines des nombreuses photos que je prends au quotidien depuis des années et que j’aime bidouiller.

Il y a quelques semaines seulement que j’ai un portable digne de ce nom avec accès à internet qui fonctionne (et oui!) et donc applis de filtres photos en tous genres, et du coup je me retrouve à consulter ce réseau social beaucoup plus qu’avant (puisqu’il est bridé au travail et que je ne suis pas beaucoup sur l’ordinateur à la maison), même si je ne suis finalement que très peu de personnes : Anne-Solange Tardy de Cachemire et soie dont j’adore la sensibilité, l’œil et la plume et Anne de Helloannouchka et Le Dressing idéal dont la vie est tellement à l’opposé de la mienne qu’elle me fascine.

A peine postée la première photo, je me rends compte que le plupart de mes amis sur Facebook ont un compte Instagram et celui-ci est même parfois surprenant, en révélant des aspects de leur vie que je ne connaissais pas. Je m’abonne à plusieurs d’entre eux et je vois qu’ils font de même de leur côté et me voilà prise sans le vouloir ni le souhaiter dans la course aux likes et aux posts (sans doute imaginaire), dans le monde des comparaisons dont mon professeur d’ayurveda ne cessait de répéter qu’il menait tout droit à la dépression.

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Bref, le sentiment pour moi d’être prise au piège alors que bien évidemment, personne ne m’attend (des dizaines de millions de photos sont postées quotidiennement sur ce réseau) et tout le monde s’en fout. Même si ce n’est qu’un espace d’expression, dans lequel j’ai envie de partager ce que je trouve beau, je me mets comme à mon habitude un peu de pression (certes superficielle – je ne suis pas une blogueuse professionnelle, vous l’aurez compris:-) -, mais néanmoins présente) pour conserver un certain niveau de « production », tout en bataillant contre un vilain sentiment d’illégitimité (tout ça en une petite semaine!).

Et puis je suis prise par une vieille mauvaise conscience au niveau écologique. Je sais que toutes les données que nous postons sont « conservées » sur des serveurs qui sont des gouffres énergétiques et dont on ne parle finalement pas assez. C’est dans cette perspective que je m’efforce de ne poster que des choses qui à mes yeux en « valent le coup » ; ce qui rajoute inévitablement à la pression sus-citée.

La paix de mon esprit est donc perturbée par tous ces détails. Depuis que j’ai ce nouveau téléphone qui me rend les réseaux sociaux disponibles à tout moment (10 ans après tout le monde, je sais), j’y passe évidemment plus de temps, j’y perds plus de temps. Comme disait un ami l’autre jour, en ce qui me concerne « quand t’as passé plus de temps à glander sur FB qu’à méditer, il est temps de rééquilibrer les choses. » Bref, tout ça pour dire que je me farcis la tête avec des choses, des images, des histoires de vie (très très quotidiennes pour certaines) vues sur les réseaux, qui immanquablement resurgissent pendant la méditation matinale. Or ceci va à l’encontre du mouvement que je souhaite donner à ma vie. Nous sommes déjà tellement bombardés d’information par les media, au travail, etc. que je me demande vraiment si c’est la peine d’en rajouter…

Il se peut que tout ceci ne soit finalement que les effets dus à l’ouverture récente de ce compte, et que les choses vont se calmer rapidement. L’enthousiasme des débuts est souvent pour moi mêlé de sentiments contradictoires… Si je vois que je continue à trop penser à ce malheureux petit compte, je le fermerai.

Salines et mystère

Une journée près de l’océan, au milieu des salines au repos.

Un monde à part, le bruit du vent dans les hautes herbes de juin, le cri des innombrables oiseaux qui y trouvent refuge, les odeurs de marais et de sel, les couleurs de la nature…

J’ai toujours aimé les marais salants, le calme loin du tumulte, les œillets qui reflètent les mouvements des nuages ou la course du soleil, leur apportant mystère ou éclat étincelant.

Des bijoux nichés parmi la verdure qui nous offrent en abondance, grâce au système génial inventé il y a des siècles, le sel indispensable à la vie.