Se blesser en yoga?(2)

A la suite de mon premier article sur ce thème et alors que je me remets doucement d’un mal de dos contracté à la suite d’un mouvement mal exécuté (en Pilates cette fois), je voudrais livrer quelques réflexions ici sur les cours collectifs de yoga.

J’ai découvert le yoga à 20 ans lors d’un cours de yoga postural de base au Pays de Galle où je vivais alors. Il était dirigé par une femme qui me semblait bien âgée à l’époque (je dirais aujourd’hui qu’elle avait sans doute la petite soixantaine) et j’ai le souvenir d’une grande harmonie, malgré le nombre important d’élèves.

Quelque temps après je me suis installée à Paris et j’ai commencé à fréquenter le centre Sivananda. J’aimais bien l’ambiance du centre alors situé à Strasbourg-Saint-Denis, j’allais au satsang du dimanche après-midi, à des cours de cuisine végétarienne et bien sûr aux cours de yoga. Nous étions installé dans de petites pièces et je me rappelle que les tapis étaient quasiment au touche à touche. Le déroulé était toujours le même, suivant les 12 postures de base de la méthode Sivananda dont Shirsasana, la posture sur la tête. Le problème c’est que les profs changeaient tout le temps. On pouvait avoir repéré un prof dont le style nous convenait bien et ne jamais le ou la revoir ensuite. Donc nous étions en présence d’un collectif constamment mouvant d’élèves et de profs. Et a posteriori, je m’interroge : n’y a-t-il pas une forme d’inconscience à enseigner ce type de posture à des personnes qu’on ne connaît pas du tout, dont on ne sait pas si elles pratiquent depuis 2 mois ou 3 ans, si elles ont des problèmes de cervicales ou de glaucome, etc.

De mon côté je me rappelle très bien m’être relevée d’un Shirsasana avec de petits vaisseaux éclatés un peu partout sur le visage et notamment autour des yeux. Le cours suivant j’en ai parlé au prof du jour, qui m’a juste dit que j’avais dû faire quelque chose qu’il ne fallait pas et puis c’est tout. Je sais qu’aujourd’hui certains studio de yoga, notamment aux États-Unis, ont décidé de ne plus enseigner de postures telles que celle-ci dans des cours collectifs où il n’y a pas de suivi des élèves (les « drop-in classes »). C’est peut-être juste une question d’éviter les dépôts de plaintes, mais ça me semble quand même vraiment sage.

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Le yoga conserve l’image d’une activité douce et sans danger, malgré tout il faut bien admettre que le yoga, comme toute pratique physique, peut entraîner des douleurs voire des blessures et même dans certains cas extrêmes des fractures. Les profs prennent-ils toujours le temps de mettre en garde les élèves, de demander s’il y a un historique de blessures ou de fractures, connaissent-ils assez bien l’anatomie ?

De mon côté j’attribue ma faiblesse aux cervicales à ces Shirsasana et autres Sarvangasana (la posture de la chandelle) peut-être mal enseignés, en tout cas mal pratiqués. Depuis quelques années, sur les conseils de mon ostéo, je ne fais plus ces postures dans ma pratique personnelle de, pourtant j’aimais beaucoup Halasana (la charrue).

L’année dernière, je me suis rendue en compagnie d’une amie à un festival de yoga dans ma ville. Nous avions décidé de participer au cours de Kundalini yoga. Résultat pour mon amie de 60 ans, 2 séances chez l’ostéo pour se remettre de ce cours, pendant lequel le prof ne doutait de rien. Il nous faisait tenir des poses pendant de longues minutes, nous faisait répéter certains mouvement des dizaines de fois, sans jamais dire qu’il fallait nous écouter et arrêter si ça devenait trop. En gros, il ne faisait cours qu’au moins de 25 ans avec 10 ans de pratique du yoga (j’exagère à peine) alors qu’il était dans le cadre d’une journée découverte. A mes yeux, il a ternit l’imagine de sa discipline.

Dans ma compréhension, le yoga ne nous invite pas à la compétition et au « toujours plus » ; il nous aide à nous connecter à notre corps et à nos sensations, à libérer progressivement les mémoires enfouies dans nos tissus (les fameux « fascias »), à rester dans le moment présent. Ce sont déjà là de belles propositions et je trouve qu’il est dommage qu’on le réduise à de la gymnastique parfois acrobatique.

Pour aller plus loin:

L’histoire de Jill Miller qui a dû subir un remplacement total de la hanche après des années à pratiquer le yoga de manière trop intensive sans s’écouter :

https://www.tuneupfitness.com/blog/surprise-surprise-you-need-a-total-hip-replacement-or-living-with-chronic-pain-without-knowing-youre-living-with-chronic-pain/

https://www.tuneupfitness.com/blog/how-i-generated-a-degenerated-hip-cause-awareness-and-consequence-hip-surgery-part-2/

Jill Miller on Hip Replacements

Sur les problèmes de hanches :

How to Avoid Destroying Your Hips in Yoga

The Most Common Yoga Injuries and How You Can Avoid Them. Part III: Hips

https://www.elephantjournal.com/2013/09/yogis-be-careful-with-your-joints-charlotte-bell/

https://nationalpost.com/health/yoga-regimens-and-poses-pushed-too-far-can-lead-to-hip-injuries-osteoarthritis-sports-mds

Une discussion très intéressante sur une pose qui, personnellement, m’a toujours laissée dubitative :

WAWADIA Update #3 /// “Wild Thing” Pose: Impossible, Injurious, Poignant

 

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