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A l’approche de la quarantaine

J’ai eu 38 ans en avril et je m’approche donc de la quarantaine. Cette « étape » est redoutée par beaucoup : on parle de l’heure des bilans, de la fin de la jeunesse, de l’entrée dans la seconde partie de vie, de la pente descendante… Rien de tout ceci ne me parle vraiment, les anniversaires et les changements de décennie ne m’ont jamais rien fait. En revanche, j’observe en moi certains changements, une modification dans ma façon de voir les choses que je trouve intéressante car inédite :

– Il y a quelques années, je suis tombée sur une émission de Cristina Cordula (et oui, on a ses références) et je l’ai entendu donner le conseil suivant : après 40 ans, c’est plus joli pour une femme de mettre un plus de bijoux, de colliers, de vêtements colorés… C’est peut-être moi qui ai totalement sur-interprété, mais ça m’est resté en tête et je dois dire que maintenant quand je n’ai pas de collier ou de bracelet, je me sens un peu nue. C’est vrai que je trouve beaucoup plus seyant de mettre quelques accessoires, accessoires auxquels je ne faisais jamais attention auparavant ;

– pour rester sur une belle note superficielle, j’ai remarqué également et c’est presque paradoxal, que je me soucie beaucoup moins de mon apparence. A 40 ans, je ne souhaite plus m’inquiéter de mes imperfections. Dans cette vie, je n’aurai pas d’autre corps, c’est celui avec lequel je suis née et c’est comme ça. Pas la peine de se prendre la tête sur quelque chose qui de toute façon est voué à la dégradation. Le point positif, c’est que j’ai très tôt choisi d’avoir une bonne hygiène de vie qui m’a permis de garder mon équilibre malgré beaucoup de stress. C’est une bonne fondation pour « après » !

– autre évolution pour celle qui ne pouvait pas ne pas partir en voyage dès qu’il y avait quelques jours de congés, quitte à prendre l’avion de nuit et à retourner au bureau depuis l’aéroport : je me dis que j’ai (presque) assez voyagé : j’ai eu la chance de pouvoir partir loin et longtemps assez jeune et je ne compte plus les églises, temples, musées, villes, villages et ruines que j’ai pu visiter, sans parler des rencontres que j’ai pu faire dans de nombreux pays.

Du coup, l’idée de prendre l’avion pour aller encore faire du tourisme pour du tourisme sans avoir un but précis (type formation ou stage) ou connaître des gens sur place ne me tente plus guère. Même, et j’en suis la première étonnée, je prends maintenant plaisir à visiter la France. Dernièrement Belle-Île et le Périgord Noir m’ont littéralement enchantée et on me regarde avec un peu de pitié quand j’en chante les louanges, genre tout le monde le sait que c’est beau ;

– depuis quelques mois, je me dis aussi que ce n’est plus la peine d’investir dans rien. La grosse dépense que notre vie a déjà été faite (maison) et comme nous n’avons pas d’enfants, je ne souhaite plus acheter de choses chères (comme si j’en avais les moyens, d’ailleurs, mais bon). Je ne sais pas si c’est ma conscience aiguë de l’impermanence de toute chose, mais je ne me voix plus acheter de bijoux chers (et pour moi, c’est au-dessus de 100 euros) ou de meubles de prix (tout ce que nous acquérons maintenant pour la maison vient du bon coin). C’est comme si maintenant, nous avions tous les objets dont nous avions besoin. C’est eux qui vont dorénavant nous accompagner. Bien sûr il y aura des remplacements et des rénovations, sans doute également encore des déménagements (peut-être) mais rien de bien extravagant ;

– ce qui m’amène à une autre nouveauté inattendue : comme on n’a pas d’enfants et que je suis fille unique, j’ai commencé à penser à ma « succession », et donc à mon testament puisque notre cas est un peu particulier. C’est étrange de naviguer dans les méandres du code civil pour essayer de comprendre comment les choses se passeraient avec la maison dans laquelle nous aurons vécu une fois que nous n’y serons plus, si nous ne faisions pas de testament. Le processus vient juste d’être enclenché et donne lieu à d’intéressantes conversations. Heureusement qu’on s’est enfilé des heures de reportage sur les NDE au printemps, ça rend tout de suite les choses plus légères… ;

– dans le même ordre d’idée et je sais bien que c’est dans l’air du temps (pas une blogueuse qui ne relate pas la façon dont elle a vidé ses placards), je n’ai plus envie d’être entourée d’une multitude d’objets et de vêtements qui ne servent jamais. En fait, je veux savoir ce qu’il y a dans la maison, dans chaque tiroir, dans chaque armoire. Ne pas racheter 3 fois une petite paire de ciseaux parce qu’on ne la retrouve jamais ou retrouver sous une pile un pantalon dont on avait oublié l’existence et dont on vient d’acheter le jumeau. Enfin, ne plus passer de temps à ranger, à trier : ne plus être esclave des objets qui nous entourent. Ils sont censés nous faciliter la vie ;

– ce qui m’amène au dernier point : je me dis qu’il faut que je passe plus de temps à faire mes pratiques spirituelles ; en fait, c’est la seule chose qui est vraiment importante à mes yeux. En janvier je m’étais inscrite à une session de 10 jours de méditation Vipassana (qui aurait dû être la quatrième depuis que j’ai découvert cette méthode en 2003), mais j’ai dû annuler à cause d’une très sévère toux qui a finit par me déplacer une côte. Depuis, je suis allée deux fois à l’ashram d’Amma près de Chartes et j’y retourne très bientôt. C’est vraiment l’élément central de ma vie et ce qui me nourrit le plus et je sens bien que c’est cet aspect de l’existence qui prendra de plus en plus de place dans la mienne, et je m’en réjouis !

35 ans

Je suis sur le point de terminer ma 35e année. Quand j’ai eu 35 ans, ma belle-mère m’a dit : « Tu vas voir, à 35 ans, il y a un vrai changement, la peau s’affine, on marque plus, etc. » Je ne l’ai pas crue sur le moment, mais une année plus tard, je dois bien avouer qu’elle avait raison.
Je ne sais pas si ses paroles ont en quelque sorte programmé quelque chose en moi qui m’aurait fait me focaliser sur certains détails qui m’étaient indifférents auparavant ou si c’est vraiment un tournant pour les femmes. J’ai ainsi vu ma peau s’affiner, mes hanches s’arrondir sans parvenir à l’éviter, mon visage marquer la fatigue davantage, les gens m’appeler madame en toutes occasions (alors que quelque temps auparavant, les mademoiselle étaient plus fréquents), mais j’ai aussi ressenti intérieurement une nouvelle confiance ; à 35 ans, on ne fait plus partie des « jeunes » ; beaucoup ont des enfants, parfois se sont engagés dans l’acquisition d’un logement, sont plus en accord avec eux-mêmes dans leurs désirs profonds… En gros, plus on avance en âge, plus on devient soi-même. On est moins influençables et influencés et ça apporte généralement un véritable mieux-être. En tous cas, je connais à présent mes priorités et quel style de vie je souhaite mener ; vu d’instabilité de mon système nerveux, j’ai de plus en plus besoin de calme, de temps libre pour méditer, faire du yoga, aller dans la nature. Je sais que c’est ce qui me convient ; c’est d’ailleurs ce qui m’a poussée à quitter Paris après une décennie trépidante de boulots dans l’édition et de voyages au long court pour m’installer en province et à prendre un emploi qui me laisse du temps même si le salaire n’est pas mirobolant.

Je me rappelle d’ailleurs à présent une de mes profs d’ayurveda, la géniale Claudia Welch, qui, lors d’un séminaire sur les périodes de transition dans la vie des femmes en relation avec la thématique des changements hormonaux, nous avait dit qu’il était important pour les femmes de ralentir à partir de 35 ans. Elle incitait ses patientes, à partir de cet âge-là, à « mettre un peu d’ordre dans leurs priorités », à développer une pratique régulière de la méditation et de globalement, mettre en place un rythme de vie plus régulier qui ne pèserait pas autant sur leur système nerveux : des nuits assez longues, beaucoup de grand air, une alimentation saine, sans cigarettes et avec peu d’alcool.
Pour elle, il est évident que le passage de la ménopause se fera d’autant plus facilement que ces bonnes habitudes de vie auront été prises tôt, le but étant d’arriver à la cinquantaine avec les glandes surrénales en bonne santé pour qu’elles puissent prendre la relève de la production d’estrogènes après la ménopause. Elle nous racontait comment, dans beaucoup de pays encore, la ménopause n’est pas vécue comme une période de turbulences avec sautes d’humeurs, bouffées de chaleurs, etc mais comme l’arrêt, un beau jour, des règles, sans douleurs et sans changements flagrants par ailleurs, ce qui est rarement le cas dans nos pays occidentaux. Ça peut paraître surprenant de penser à la ménopause à 35 ans et pourtant, on sait bien que ce que l’on fait aujourd’hui pour notre corps et notre esprit aura des répercussions quelques années plus tard ; autant adopter de bonnes habitudes avant que la maladie ou des symptômes trop invalidants ne nous y forcent. Se renseigner sur ce thème, écouter son corps un minimum me semble la base et pourtant on en parle peu.

Alors évidemment, pour beaucoup d’entre nous, une fois arrivé à 35 ans, il est quasiment impossible de ralentir. Beaucoup de femmes de cet âge ont des enfants en bas âge, sont prises par leur carrière ou par des soucis de chômage et de fins de mois difficiles. Pourtant, les techniques conseillées sont simples et gratuites (méditation, marche, limitation des excitants…) ; il s’agit juste de comprendre le bénéfice qu’on peut en tirer et d’expérimenter les transformations qu’elles apportent.

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La compagnie des aînées

Quand j’étais petite, souvent je me prenais à m’imaginer déjà vieille. Je ne m’imaginais pas entourée d’enfants et de petits enfants, non ; je me voyais plutôt solitaire mais non seule. J’imaginais que j’aurais « roulé ma bosse », que j’aurais vu du pays et que je serais remplie de toutes ces images, toutes ces expériences, toute la sagesse acquise au fil des années et des décennies.

Jeune femme, vers 21-22 ans, j’attendais même cette étape de ma vie avec impatience. Je trouvais la pression trop forte : il fallait s’habiller de telle ou telle manière de façon à se sentir acceptée, il fallait lire les bons bouquins, écouter la bonne musique, réussir ses études, trouver du travail, avoir un copain, avoir une vie « intéressante » à tout prix. Je trouvais ça épuisant et je ne me sentais jamais à ma place. Je me demandais : c’est ça la vie ? N’y a-t-il rien d’autre que cette course effrénée aux apparences, aux savoirs, aux diplômes ?

Aujourd’hui, j’ai 35 ans et je me sens beaucoup plus apaisée, mais je me rends compte que je m’entends beaucoup mieux avec des personnes plus âgées que moi. De Beaucoup. J’adore la compagnie des femmes plus âgées, de celles qui ont déjà vécu leur  « vie active », élevé des enfants (ou pas) et qui sont maintenant dans la troisième phase de leur vie, celle que j’imagine être celle de la sagesse : on n’a plus rien à prouver au monde, extérieurement, on peut sembler avoir une vie très simple et peut-être même ennuyeuse, mais ce n’est qu’une façade. A l’intérieur, ce sont de nouveaux mondes qui s’ouvrent quotidiennement, des intuitions qui se font de plus en plus profondes, des réalisations d’ordre spirituel qui deviennent de plus en plus présentes. J’imagine cet âge comme celui auquel les femmes auront dépassé et fait la synthèse de tous les rôles différents qu’elles ont été amenées à jouer au cours de leur vie, simultanément ou les uns après les autres : la voyageuse, la jeune femme, l’intellectuelle, la mère (ou pas), l’adolescente, l’épouse (ou pas), la femme active, la petite fille, la compagne, la grand-mère (ou pas), l’aventurière… J’admire les femmes qui y parviennent réellement car nos vies sont tellement fragmentées, à l’image de la société moderne occidentale. En anglais, on les appelle les « crones », ces aînées qui n’ont pas peur de la vieillesse, pleines de sagesse, un peu sorcières, un peu magiciennes, qui sont issues de longues lignées matrilinéaires. Elles m’inspirent, me guident, sont pour moi un exemple à suivre. Elles ont comme atteint un stade où elles incarnent la mère universelle, celle qui ne fait plus de différence entre ses enfants et ceux des autres : elle accepte tout le monde et prête à tous une oreille attentive et bienveillante. Tout ça n’est peut-être que le fruit de mes propres projections ; j’ai pourtant l’impression d’en connaître de ces femmes-là et j’aimerais un jour faire partie de leur cercle.