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Un massage pendant les règles ?

J’imagine qu’on fait toute la même chose : quand on réserve un rendez-vous pour un massage (comme si je le faisais tous les jours!), on regarde les dates auxquelles nos règles sont susceptibles d’arriver pour éviter cette période. Malheureusement, parfois elles arrivent en avance ou en retard et on se retrouve avec un rendez-vous alors qu’on est en pleines lunes. Que faire ? Annuler le rendez-vous ou y aller quand même ? En ayurveda, qui est pour moi le système auquel je me réfère dès que j’ai une question de ce type, on considère que lorsqu’une femme a ses règles, il faudrait qu’elle puisse en faire le minimum, surtout pendant les 3 premiers jours. Dans la culture indienne traditionnelle, la femme est souvent mise à l’écart pendant cette période : elle ne cuisine pas, ne va pas au temple, ne mange pas avec les autres, etc… Même si cette tradition a été détournée par le système patriarcal, qui considère que la femme est « impure » en période de lunes, je pense qu’à l’origine, cette tradition était pleine de sagesse et permettait à la femme de se reposer tranquillement, car les règles sont une période de transformation et de purification mensuelle pendant laquelle il est préférable de pouvoir être tranquille afin que le reste du mois se déroule au mieux. Dr Vasant Lad avec qui j’ai étudié l’ayurveda proposait même de stopper les remèdes à base de plantes pendant cette période et d’autres encore, comme Maya Tiwari, de ne même pas se laver les cheveux ou le corps (!), sauf « localement ». Dans la tradition du yoga, certains systèmes déconseillent la pratique des asanas (postures) et du pranayama (exercices de respiration) pendant les règles. C’est surtout vrai pour les asanas « chauffants » qui ont tendance à faire monter l’énergie vers le haut (type Virabhadasana I) et les inversions (type Sarvanganasa, la chandelle, ou Sirshasana, la posture sur la tête) qui du coup vont dans le sens inverse du mouvement souhaité pendant les règles. En effet, l’ayurveda explique que notre corps est animé de 5 « vayus » (5 « vents ») et celui qui est responsable des règles, de l’excrétion, de l’accouchement (désolée de mettre tout ça dans le même panier mais bon, c’est comme ça) s’appelle apana vayu, celui qui descend donc vers le bas. L’idée est donc de ne rien faire pendant cette période qui puisse contrarier apana, le vent qui descend. Or quand on se fait faire un massage, on est souvent « malaxé » dans tous les sens, certes des extrémités vers le cœur dans le meilleur des cas, mais également au niveau du bassin et du dos. On peut avoir un peu froid, ou trop chaud ; le massage implique parfois l’application d’huiles essentielles et/ou végétales qui elles-aussi ne doivent pas venir contrarier le flux. Certaines huiles peuvent être trop chauffantes pour certaines constitutions en fonction de la saison, ou trop refroidissantes (exemple : huile de noix de coco en hiver sur une personne Vata). Les massages pendant les règles ne sont donc traditionnellement pas conseillés pendant cette période pour cette raison essentielle. Il faut s’efforcer de donner au corps et au mental l’espace nécessaire pour qu’ils puissent faire ce qu’ils ont à faire au moment des règles. Sur le même thème: – Règles douloureuses: remèdes naturelsDeuxième phase du cycle difficileDes seins sainsLunaisonsRespecter les rythmes de son corps pendant les règlesGuérisons alternatives

La compagnie des aînées

Quand j’étais petite, souvent je me prenais à m’imaginer déjà vieille. Je ne m’imaginais pas entourée d’enfants et de petits enfants, non ; je me voyais plutôt solitaire mais non seule. J’imaginais que j’aurais « roulé ma bosse », que j’aurais vu du pays et que je serais remplie de toutes ces images, toutes ces expériences, toute la sagesse acquise au fil des années et des décennies.

Jeune femme, vers 21-22 ans, j’attendais même cette étape de ma vie avec impatience. Je trouvais la pression trop forte : il fallait s’habiller de telle ou telle manière de façon à se sentir acceptée, il fallait lire les bons bouquins, écouter la bonne musique, réussir ses études, trouver du travail, avoir un copain, avoir une vie « intéressante » à tout prix. Je trouvais ça épuisant et je ne me sentais jamais à ma place. Je me demandais : c’est ça la vie ? N’y a-t-il rien d’autre que cette course effrénée aux apparences, aux savoirs, aux diplômes ?

Aujourd’hui, j’ai 35 ans et je me sens beaucoup plus apaisée, mais je me rends compte que je m’entends beaucoup mieux avec des personnes plus âgées que moi. De Beaucoup. J’adore la compagnie des femmes plus âgées, de celles qui ont déjà vécu leur  « vie active », élevé des enfants (ou pas) et qui sont maintenant dans la troisième phase de leur vie, celle que j’imagine être celle de la sagesse : on n’a plus rien à prouver au monde, extérieurement, on peut sembler avoir une vie très simple et peut-être même ennuyeuse, mais ce n’est qu’une façade. A l’intérieur, ce sont de nouveaux mondes qui s’ouvrent quotidiennement, des intuitions qui se font de plus en plus profondes, des réalisations d’ordre spirituel qui deviennent de plus en plus présentes. J’imagine cet âge comme celui auquel les femmes auront dépassé et fait la synthèse de tous les rôles différents qu’elles ont été amenées à jouer au cours de leur vie, simultanément ou les uns après les autres : la voyageuse, la jeune femme, l’intellectuelle, la mère (ou pas), l’adolescente, l’épouse (ou pas), la femme active, la petite fille, la compagne, la grand-mère (ou pas), l’aventurière… J’admire les femmes qui y parviennent réellement car nos vies sont tellement fragmentées, à l’image de la société moderne occidentale. En anglais, on les appelle les « crones », ces aînées qui n’ont pas peur de la vieillesse, pleines de sagesse, un peu sorcières, un peu magiciennes, qui sont issues de longues lignées matrilinéaires. Elles m’inspirent, me guident, sont pour moi un exemple à suivre. Elles ont comme atteint un stade où elles incarnent la mère universelle, celle qui ne fait plus de différence entre ses enfants et ceux des autres : elle accepte tout le monde et prête à tous une oreille attentive et bienveillante. Tout ça n’est peut-être que le fruit de mes propres projections ; j’ai pourtant l’impression d’en connaître de ces femmes-là et j’aimerais un jour faire partie de leur cercle.